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La Première Ecole de Fille à Champagne-Mouton

Cela pouvait être vers 1835; il y avait un instituteur à Champagne-Mouton, mais c'était pour les garçons; on ne pensait pas qu'il fut utile à une fille de savoir lire.
Les files des ouvriers et des commercants étaient toutes lettrées. Enfin on commença à s'émouvoir de la situation. Mme
Gémon, la femme d'un brigadier de gendarmerie en retraite, en parla au maire: M. de Champvallier:
"
C'est malheureux, lui dit-elle, de voir les petites filles si incultes, elles ne savent point lire, elles ne savent point saluer, elles ne disent bonjour à personne. Vous auriez besoin d'une institutrice. Si vous vouliez je pourrais ouvrir une école, mais je n'ai pas de diplôme; il me faudrait un diplôme!
- Et que puis-je faire
?
- Vous n'avez qu'à m'accompagner chez M. le Préfet et m'en délivrer un; je ne sais pas écrire, mais mon mari sait très bien faire et tout pourrait s'arranger
"
Ce qui fut dit fut fait, Mme
Gemon eut son diplôme. Elle ouvrit une école dans une toute petite chambre qui lui servait de cuisine et où il y avait une grande table et des bancs.
Un cimetière abandonné, séparé de la maison par le chemin, servait de cour de récréation. A midi on goûtait sur les tombes, puis on dansait autour en chantant, et l'on trouvait que c'était bien commode pour jouer à cache-cache.
Quelques années plu tard, quand ma mère allait à l'ecole, Mme
Gémon n'y voyait plus; on n'apprenait qu'à lire et à compter oralement, mais rien n'interrompait la régularité des jours et des heures de classe.
Une tante de l'institutrice, qui l'avait élevée, tomba malade d'une "
mauvaise fièvre" (c'était probablement la fièvre typhoide que l'on appelait ainsi). Mme Gémon ne s'embarrassa pas pour si peu; elle emmena ses élèves chez sa tante. Il y avait là un appartement très vaste; le lit de la malade fut placé dans un coin, les élèves furent installées dans un autre coin, et, tout en soignant consciencieusement la malade, l'institutrice fit non moins consciencieusement la classe à ses élèves.
Ensuite, il vint à
Champagne-Mouton un brigadier, M. Charron de la Terrade, et sa femme, tous les deux distingués et cultivés. Mme Gémon se faisait vieille et se sentait fatiguée; l'école fut confiée à la femme du brigadier et fut installeée dans un appartement de la gendarmerie. Un lieutenant étant venu faire une visite, déclara que l'école ne devait pas être ici. Mme Charron loua une chambre dans une maison voisine. L'on apprenait à lire, à compter et à écrire, et on étudiait la "Grammaire Populaire".
Pour le calcul écrit, c'était le brigadier qui enseignait les quatre opérations fondamentales aux plus intelligentes; pour cette étude, on quittait l'école et la leçon avait lieu dans le bucher du grenadier; ma mère se rappelle bien qu'il y avait une table, mais elle ne s'est jamais rendu compte qu'il eût du bois.
Pour la méthode de lecture, on avait d'abord lùalphabet qui commençait par une croix et l'on disait: "
Croix de par Dieu, a, b, c ..." ensuite on avait "Le petit Jehova"; ma mère se rappelle encore toute la première page: "Ce n'est pas le soleil qui tourne autour de la terre, c'est bien la terre qui tourne autour du soleil", puis on parlait de la lune et des étoiles; c'etait un cours preparatoire de cosmographie.
M.
Charron avait un frère établi boulanger à Angoulème et ce frère avait eu pour ouvrier et pour camarade Reboul, le poête boulanger; on était en relation avec ce dernier, et Mme Charron en faisait étudier les poésies à ses élèves; on apprenait aussi les tragédies d'Esther et d'Athalie, et ma mère les dit encore. La diction était correcte, nette, très agréable, et cependant on n'y mettait point l'expression véritable, cela eût été très mal porté; Mme Charron ne voulait pas que ses élèves et ses propres filles, qu'elle élevait en même temps, eussent l'air d'actrices!
Mme
Charron était une femme de coeur, elle a laissé un souvenir durable, elle a fait du bien. Ma mère en parle encore avec la plus vive admiration et la plus profonde reconnaissance.
Mlle
B. Lardant institutrice à Vieux-Ruffec. - Etudes Locales, Octobre 1921


[1663] (cf. Lièvre) Jacques Clémenceau s'installe au village de Courteil;
[1634] "Cour des Grands Jours" fait fermer l'école protestante de
Champagne-Mouton;

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