Villages de France... Charente... Limousin... |
||||||||||||
|
||||||||||||
Rapport sur l'Excursion de la Société à Saint-Germain-sur-Vienne par M. Jules de Laurière Bulletin de la Société Archéologique & Historique de la Charente, année 1867 | ...R | *.html | .pdf (181ko) | |
||||||||||||
Dans la matinée du 16 septembre, la Société historique et archéologique
de la Charente, conformement au programme de son séjour
à Confolens, s'est transportée à Saint-Germain-sue-Vienne, pour visiter les curiosités archéologiques
de cette localité. Faisaient partie de l'excursion: MM. Gogon,
vice-président; de Rencogne, secrétaire, Adhémar Sazerac, trésorier; Warin, architecte-inspecteur; docteur Chapelle, Abel Sazerac, H. Leridon,
Marroussem, etc, etc.
Saint-Germain n'est situé qu'à quatre ou cinq kilomètres au nord de Confolens, à la jonction de la Vienne et de l'Issoire. Cette distance parait encore abrégée, grâce à la beauté des sites de la route, qui suit les contours de la vallée de la Vienne et sépare ses magnifiques prairies d'une série de coteaux presque abruptes, en partie granitiques, à demi couverts d'une maigre végétation qui essaie d'adoucir leur rudesse. A peine a-t-on perdu de vue, d'un coté la ville de Confolens, cachée derrière les sinusoités de la route, que de l'autre apparait le bourg de Saint-Germain, posé sur les flans et au bas de la colline qui domine la Vienne. Avec son vieux pont à ses pieds, son château démantelé et son église au sommet de son coteau, ce simple chef-lieu de commune se présente tout d'abord comme une de ces stations archéologiques ou l'attrait d'un groupe d'édifices intéressants se trouve uni, sous un petit espace, au charme d'un site eminemment pittoresque et varié. Un sentier un peu rude conduit du bourg à l'église, au-devant de laquelle s'étend
une petite plate-forme. Là, chaque visiteur se trouve arrêté, comme par un enchantement irresistible,
pour comtempler l'admirable panorama qui se déroule à ses yeux et lui montre en bas, au premier plan,
tout le bourg de Saint-Germain, relié à l'autre
rive de la Vienne par un pont gothique d'un étrange aspect;
puis la vallée ou la rivière, bordée de grands arbres, un instant divisée en deux bras
par une ile, s'écoule lentement à travers ses prairies à la vigoureuse verdure, et plus loin
des campagnes dont les ondulations se confondent avec de vastes et vaporeux horizons. Vue de face ou de coté, elle présente une extrème simplicité architecturale. Elle n'en offre pas moins un certain caractère d'imposante gravité, parfaitement en rapport avec la disposition de son plan, qui affecte la forme d'une croix grecque, avec sa large tour carrée, majestueusement établie à son centre et ainsi conforme au type le plus hiératique des anciens monuments chrétiens. La façade, à l'ouest, entièrement plate, se termine par un pignon triangulaire, elle est percée dans le haut d'un oculus, vers le centre d'une fenêtre cintrée, et plus bas d'une porte, sans ébrasements, rectangulaire, pratiquée à vives arêtes dans le mur. On doit remarquer le linteau monolithique et horizontal qui la surmonte en dépassant de beaucoup l'aplomb des chambranles; sa forme, triangulaire au sommet et rectangulaire aux extrémités, est peu usitée dans les édifices de cette époque, et parait d'autant plus étrange qu'elle rappelle une réminescence des constructions les plus anciennes de la Grèce antique. Dans la partie supérieure des murs latéraux de la nef et des transsepts règne une corniche portée sur modillons unis. Les murs latéraux des transepts sont appuyés sur deux contreforts plats; ceux du fond en sont dépourvus; ils se terminent, comme à la façade, par un pignon, et sont percés d'une fenêtre cintrée. Il existait vers l'ouest, sur le mur du transsept nord, une porte de même forme que celle de la façade, avec un linteau semblable à celuii de cette dernière, mais elle a été murée. Sur le coté opposé à la façade, trois absides appaissent: l'une,
au centre, polygonale, à sept pans unis, sans contreforts, avec trois fenêtres cintrées; et
les deux autres moins grandes, mais circulaires, appuyées chacune sur deux contreforts avec une fenêtre
centrale. On pénètre dans l'église de plein pied avec le sol extérieur. Une
nef, des transsepts de dimensions à peu près égales à vue d'oeil, plus une abside opposée
à la nef, forment la croix grecque autour du carré correspondant à la tour centrale, comme
l'avait fait pressentir l'aspect extérieur de l'édifice. Cependant
la croix grecque n'est point parfaite par suite des dimensions de l'abside, qui sont moindres que celles des transsepts
et de la nef. La disposition générale n'en est pas moins remarquable, étant très rare
dans cette contrée et n'ayant d'analogue, dans le département, que les églises de Mainfonds et de Magnac-sur-Touvre. La longueur de la nef jusqu'à l'abside mesure
environ 21 mètres; l'axe des transsepts, 32 mètres sur 10.50 mètres de large. Nefs et transsepts sont voutés en berceau, sans arcs-doubleaux, et ne comportent chacun qu'une travée. Les murs de la nef se trouvent évidés par une large arcature qui en occupe presque toute la surface. Les deux absides circulaires, dont nous avons déja vu la saillie extérieure, s'ouvrent en cul-de-four allongé sur le mur oriental des transsepts. Une anciene porte, conduisant actuellement dans les dépendances du presbytère, se trouve dans le transsept de l'est, et au-dessus on remarque dans le mur une baie cintrée donnant dans un oratoire. Les fenêtres précédemment indiquées s'élargissent à l'intérieur par un simple ébrasement, et au bas des murs latéraux de la nef et des transsepts s'étend un large rebord en forme de banc d'un effet très monumental. Du reste, grande simplicité, et même absence complète d'ornementation, si ce n'est un double bandeau qui circule autour de l'édifice, sous la naissance des voûtes, et enlace les tailloirs des chapitaux des colonnes engagées. L'ensemble des transsepts et de la nef présente une grande homogénéité de construction, qui s'arrête à la jonction de la grande abside, liée au reste de l'oeuvre par une reprise très apparente. L'abside, circulaire, allongée à l'intérieur, s'ouvre au dessous du grand arc de la coupole sans en occuper toute l'ampleur. L'espace compris entre son sommet et celui de ce grand arc est fermé par un mur muni d'une fenêtre; en avant, du coté de la nef, ce mur est soutenu par deux gros piliers en forme de contreforts qui affleurent et cachent en partie les colonnes d'angle qui portent le grand arc. Ces piliers se terminent brusquement comme par une brisure et font corps avec le reste de la façade de l'abside. On y voit encore deux petits bandeaux qui semblent témoigner de l'ancienne existence, au-dessus d'eux, d'un arc qu'ils soutenaient et qui devait faire partie d'un édifiice plus primitif dont on aurait conservé l'abside. La différence de forme extérieure entre l'abside centrale et les absides latérales confirme encore cette différence d'époque. Toutefois, il serait difficile d'assigner une date précise à l'édifice. S'il faut en croire une tradition locale reposant sur quelques lignes de texte contenues dans un lambeau de parchemin échappe par hazard, pendant la révolution de 93, au pillage des archives du château, l'église aurait été fondée en 1007. Il serait possiible que l'abside remontât à cette époque, mais on doit rapporter tout le reste à la période romane du XIIe siècle, en observant, toutefois, que les traditions romanesdu XIIe siecle se sont prolongées, dans cette partie de la France, jusqu'au XIIIe siecle, et qu'il ne serait pas impossible que l'église de Saint-Germain fut de cette dernière période, tout en attribuant à un monument antérieure la partie absidiale. Lorsqu'on examine attentivement l'intérieur de l'église, on remarque une déviation très sensible, vers le sud, dans l'abside, sur l'axe de la nef.Y a-t-il dans cette particularité, si fréquente dans d'autres églises, grandes ou petites, du moyen âge, une idée symbolique rappelant l'inclinaison de la tête du Christ expirant sur la croix, ou cette déviation est-elle tout simplement un défaut de raccord entre les parties de l'édifice baties à diverses époques et provenant de l'inhabileté des constructeurs? Le système de symbolisme, pour expliquer cette irrégularité, doit être
admis avec d'autant plus de réserve que, d'après les observations de plusieurs architectes dont le
nom pourrait faire autorité, et entre autre de M. Viollet-Leduc, cette déviation n'existe que dans les édifices construits à plusieurs reprises,
et ne se trouve jamais dans les oeuvres édifiées d'un seul jet. La petite église de Saint-Germain peut venir elle aussi à l'appui de cette opinion. Rappelons, avant de nous séparer de l'église de Saint-germain, une tradition qui rapporte un fait éminemment glorieux pour elle et pour l'histoire religieuse de la province; c'est le passage de Saint Bernard, en 1147, en Angoumois et en Limousin, pendant lequel il s'arrêta au lieu du Chatelard et à Saint-Germain, ou il aurait opéré des miracles. Nous nous bornerons é renvoyer à l'article publié à ce sujet dans le Bulletin(1), et du à M. l'abbé Arbellot, archiprètre de Rochechouard, qui a tiré, pour l'Angoumois, ce fait de l'oubli, mentionné par un historiographe et compagnon de saint Bernard, Geoffroy, moine de Clairveaux, et plus tard mis en lumière par l'abbé Nadaud dans le pouillé du diocèse de Limoges, au catalogue des évèques édités par l'abbé Texier. Nous ne saurions dire à quelle époque cette église est devenue paroissiale, car elle n'était dans le principe que la chapelle du chateau de Saint-germain et se trouvait comprise dans sa première enceinte. Ce chateau parait remonter à une époque fort reculée. Il a été rebâti vers la fin du XVe siècle, sur les debris d'un édifice plus ancien dont on voit encore quelques substructions. Mais aujourd'hui ce n'est plus qu'un ensemble grandiose de ruines faites pour produire, dans l'encadreemnt de leur site splendide, en présence de la Vienne, l'effet le plus pittoresque, et digne assurement de rivaliser avec ces ruines si vantées qui reflètent leurs masses sombres et bizares dans les eaux limpides du Rhin. L'édifice se developpait autour d'une cour intérieure à peu près
carrèe. Deux énormes tours rondes sont encore debout et se trouvent reliées par un corps de
bâtiment dont la façade, à l'ouest, est découpée en grandes dentelures de murailles
recouvertes de lierre. Une troisième tour, rasée à quelques mètres au-dessus du sol
extérieur, ne présente plus que sa large base, empatée sur un plan incliné. Des salles
basses ou caves, au pied de ces tours, ont conservé leurs voutes en blocage, ainsi que des meutrières
à large embrasures horizontales, destinées sans doute à la manoeuvre des petites pièces
d'artillerie. Un souterrain noir est creusé sous la salle basse de la tour de l'est et communique avec elle
par un orifice circulaire au milieu du sol. Faut-il y voir, avec quelques visiteurs, les terribles oubliettes,
inséparables, dans beaucoup d'esprits, de tout château du moyen âge, ou des souterrains destinés
à conserver d'abondantes et précieuses provisions de grain? Des petits réduits ou boudoirs, voutés sur arcs ogives, existent dans l'épaisseur des murs d'une tour et font saillie sur sur le flanc d'une autre. On retrouve encore les traces d'un petit escalier débouchant près de la tour du sud; quant aux fenêtres de l'édifice, ce ne sont plus en partie, que des trouées dans les murs, montrant à peine quelques restes de pieds-droits ou se profilent les arêtes vives de la fin du XVe siècle. Ces ruines, dans leur état actuel, suffisent pour donner une idée de l'importance
de cette ancienne habitation. Si nous ignorons par quelle famille elle a été construite, nous savons
qu'elle passa , vers la fin du XVe siècle, dans la maison de Pérusse d'Escars, de la branche des seigneurs de La Vauguyon, princes
de Carency, en la personne de Gauthier
de Pérusse d'Escars, fils d'Audoin de Pérusse et d'Hélène de Roquefeuil, lequel "Gauthier de Pérusse d'Escars, seigneur de La
Vauguyon, La Coussière, Roussine, La Tour de Bars
et du Repaire, fit l'acquisition de la baronnie de Saint-Germain-sur-Vienne, fut conseiller et chambellan du roi Charles VIII, sénéchal du Périgord et de La Marche, et premier chambellan de Pierre, duc de Bourbon...
(2)" (La
Chesnaye-Desbois, tome VII.} De ce coté, rien de plus saisissant que l'aspect inattendu du site pittoresque, solitaire, à la fois sauvage et gracieux, qui s'offre subitement à vos regards et révèle la nature accidentée du paysage limousin dans son caractère le plus tranché. Une gorge profonde, comme une immense déchirure dans le sol, s'ouvre sous vos pieds avec une pente abrupte, effrayante à parcourir de l'oeil, hérissée de rocs granitiques au milieu de genèvriers de des fougères; au fond coule l'Issoire, dont les eaux calmes et sombres disparaissent dans les replis du ravin, sous les massifs d'une âpre verdure; sur l'autre bord, plus loin, des coteaux moins élevés présentent leurs versants grisâtres tout tapissés de bruyères fleuries, tandis que leurs plateaux étalent le contraste d'une végetation plus animée par quelques vignes, les cultures de l'automne et les grands châtaigniers. Sans avoir le grandiose des hautes montagnes, tout cela est empreint d'un certain cachet pittoresque et rustique tout particulier. On a cru quelques fois, pour traduire le sentiment d'admiration que ces sites inspiraient, ne mieux faire que d'évoquer, comme point de comparaison, le souvenir des Alpes, de la Suisse ou des Pyrénées; mais non, c'est plutôt au type des paysages des bords de la Creuse et de ces autres vallées de la région granitique du centre de la France, de plus en plus visitées, décrites et célébrées, de nos jours, par la poésie et les arts, qu'il faut rattacher cette nature déja tant admirée, au siècle dernier, par un voyageur anglais, Arthur Youg, qui avait parcouru la France à cheval, et aimait à s'extasier devant la beauté, sans pareille pour lui, des sites Limousin (3). Maintenant descendons à Saint-Germain pour examiner de plus près le pont que nous avons déja eu occasion de signaler. Il doit à sa solidité d'avoir chappé aux restaurations et aux embellissements administratifs. Grâce à cette bonne fortune, il a conservé tout son caractère original du XIVe siècle et constitue l'un des édifices civils les plus intéressants de cette époque qu'on puisse étudier dans cette contrée. Il peut même figurer avec avantage au nombre des ponts du moyen âge les mieux conservés qui existent en France. il est encore la tout près de son contemporain de Confolens, sans envier le rajeunissement qu'on a fait subir à ce dernier; et attestant avec lui l'ancienne importance de la circulation qui régnait autrefois dans le pays. Sa longueur est de 115 mètres sur 3.25 mètres de large entre les parapets. Il s'étend sur neufs arches d'inégales grandeurs, portées sur des piles en avant-becs aigus se terminent par des gares de refuge de même forme au niveau du tablier, et deux seulement, en aval, du coté de la rive gauche, sont aussi munies à leur sommet de gares de refuge rectangulaires et peu profondes. Comme dans la plupart des ponts de cette époque, le niveau du tablier n'est point horizontal et se compose de deux plans légèremnt inclinés, dont le faîte correspond au sommet de la cinquième arche, qui est aussi la plus large. Son axe ne suit pas non plus une ligne parfaitement droite dans toute sa longueur , mais elle est sensiblement brisée et onduleuse dans plusieurs endroits. Les arches sont les unes légèrement ogivées et les autres en plein cintre. Le cintre de la troisieme parait avoir été refait à une époque assez récente; c'est la seule restauration que l'édifice semble avoir reçue. A son extrémité, du cot de la rive droite, le pont était défendu par une ou deux tours et communiquait avec le bourg, qui était fortifié, par un pont-levis. Mais de ce système de défense il ne reste que quelques vestiges à peine visibles. Il existait aussi sur l'Issoire, près de la jonction avec la Vienne, à la sortie du bourg, un autre pont ancien à deux arches. Mais il a été élargi récemment d'un coté; ses piles ont été refaites en forme circulaire, et ce n'est que par-dessous que l'on peut constater l'ancienne construction encore apparente. Outre ces édifices du moyen âge, qui frappe immédiatement les regards du
voyageur arrivant à Saint-Germain, il en est un autre
moins en évidence au premier abord et qui réclamerait la première attention des visiteurs,
s'ils procédaient par ordre chronologique dans leurs explorations. L'étude de l'origine et de la destination des dolmens (1), allées couvertes, tumuli, menhirs et autres monuments mégalithiques, dits celtiques, a donné lieu, dans ces derniers temps, à de longues et savantes controverses de la part des archéologues français et étrangers, qui se sont occupés d'une manière toute spéciale de ces sortes de monuments. Le résultat des fouilles et des observations nombreuses qui ont été faites à ce sujet ont amené cette conclusion, concernant particulièrement les dolmens et jouissant du privilège d'être la seule, au milieu de ce long débat, sur laquelle tout le monde paraisse d'accord aujourd'hui, à savoir (2) que les dolmens ou tumuli-dolmen (car presque tous les dolmens ont été primitivement enfouis ou recouverts de terre) sont des tombeaux ; les corps y sont plus souvent ensevelis qu'incinérés; ils ne renferment ordinairement que des objets de pierre et d'os; le fer n'y apparait jamais (3); l'or et le bronze y sont très rare. M. Alexandre Bertrand, membre de l'institut, l'un des plus ardents défenseurs des conclusions que nous venons de rapporter, indique, jusqu'à plus amples informations, la présence de vingt-six dolmens dans la Charente, sur la liste et la carte qu'il a dressées pour établir, sur la surface de la France, la distribution de ces monuments classés par départements, selon l'importance de leur ordre numérique (4). On doit supposer que le dolmen de Saint-Germain, qui du reste, se trouve mentionné dans plusieurs ouvrages antérieurs, figure dans ce nombre; mais il est permis de douter que dans son état actuel il puisse être d'un grand secours pour élucider le débat au point de vue, sinon de sa destination, du moins de sa forme première. Ce n'est plus, en effet, avec le caractère d'un monument de l'âge de la pierre qu'il
se présente à l'esprit et aux regards de l'explorateur, qui vient le découvrir au milieu de
son enceinte de feuillage, dans son agreste solitude; car la vieille pierre a été arrachée
à son immobilité tant de fois séculaire pour être transformée en un sanctuaire
chrétien, transformation qui en a fait un édicule d'un interêt tout nouveau et assurément
unique sur le sol de la France. Les colonnes qui supportent cette masse sont au nombre de quatre, disposées en carré presque régulier, comme on peut le voir sur le plan ci-joint, relevé avec la plus grande exactitude, sur les lieux même par M. Warin. La pierre qui les compose est aussi granitique, de même nature que celle du dolmen. Elles sont cylindriques, reposent à cru sur un socle également cylindrique, muni de deux tores, et sont couronnées par un chapiteau en style du XIIe siècle, à moulure unie, avec astragaleet tailloir carré. Il est à remarquer que trois des chapiteaux de ces colonnes affleurent à peu près exactement le contour du dolmen et que le quatrième le dépasse un peu. L'ensemble de ces supports, avec sa simplicité décorative, est empreint d'une certaine légèreté que fait encore ressortir leur bizard et lourd couronnement. Toutefois, les fûts de ces quatre colonnes n'ont point la même hauteur et la même circonférence; voici leurs dimensions respectives: Colonne A, hauteur 1.72m; circonférence 0.87m Les bases ont 0.32m de hauteur; les chapiteaux, non compris les tailloirs, 0.32m, et les tailloirs
également 0.32m; de sorte que la hauteur intérieure et moyenne du monument jusqu'au pied de la base
des colonnes serait de 2.75m; mais comme ces bases se trouvent en partie enterrées, la hauteur réelle,
prise au-dessus du sol actuel, n'est que de 2.62m. Près des marches de l'entrée se trouve encore debout une pierre creusée
en forme de bénitier, et en l'examinant de plus près on reconnait en elle un chapiteau analogue à
ceux des colonnes. M. l'abbe Michon suppose qu'il provient d'une
cinquième colonne qui aurait été dressée sous le dolmen vers son extrémité
orientale. Mais à la simple inspection de l'édifice, rien n'indique la position, ou les traces de
ce cinquième support. Mais à défaut complet de renseignements ou de traditions historique à ce
sujet, une pieuse légende conservée encore dans le pays vient attribuer l'origine du merveilleux
édifice à une intervention miraculeuse, et raconte que l'énorme masse de granit, comme un
léger fardeau, aurait été transportée dans l'ile de Saint-Germain par sainte Madeleine, si bien que l'antique pierre
est encore vulgairement appelée, dans la contrée, la Pierre de la Madeleine. |
||||||||||||
(1) Bulletin de la Societe archeol. et hist. de la Charente, annee 1865, page 435. (2) Gauthier
de Pérusse épousa, par contrat du 13 octobre 1498, Marie
de Montberon, fille de Louis, seigneur
de Fontaine-Chalendray, et de Radegonde de Rochechouart-Mortemart. De ce mariage: Quatre filles et Jean d'Escars, prince de Carency, comte de La Vaugnyon, seigneur d'Albret et Vendat, chevalier de l'ordre de Saint-Michel, maréchal et sénéchal de Bourbonnais en 1576, cheva lier de l'ordre du Saint-Esprit le 31 décembre 1578, conseiller au Conseil d'État et privé, capitaine de cent hommes d'armes de ses ordonnances et lieutenant général des armées du roi en Bretagne sous Henri de Bourbon, prince des Dombes. Il mourut le 21 septembre 1595. Il avait épousé, par contrat du 1 octobre 1561, Anne de Clermont, fille d'Antoine de Clermont, premier comte de Cler mont en Dauphiné, grand-maître des eaux et forêts de France, et de Françoise de Poitiers de Saint-Valier. De ce mariage: 1) Claude d'Escars, prince de Carency, qui fut accordé avec Anne de Caumont, âgée de douze ans. Il fut appelé en duel par Charles de Gontaut, baron de Biron, depuis maréchal de France, qui avait prétendu à cette alliance. D'après L'Étoile, auteur contemporain, le combat eut lieu le 8 mars 1586. D'Escars et ses deux seconds, Charles d'Estissac, unique héritier de sa maison et Abadie, dit le jeune, furent tués par Biron, secondé de Ber trand de Pierre-Buffière, seigneur de Génissac, et de N... de Montpezat de Laugnac. 2)-Henri-Pierre de Carency; épousa Anne de Caumont, marquise de Fronsac, qui avait été fiancée à son frère. Mort sans postérité. 3-Diane, qui suit; - 4)-Louise, abbesse; - 5)-Isabeau, dame de Combes, alliée le 10 septembre 1595 à Jean, seigneur d'Amanzé, baron de Semur en Brionitais, etc. Diane d'Escars, princesse de Carency, comtesse de La Vaugayon, épousa: 1) en 1573, Charles, comte de Maure, dont elle n'eut qu'une qu'une fille qui porta le comté de Maure dans la maison de Rochechouart-Mortemart; 2)-Louis d'Estuert de Caussade ou de Stuert, comte de Saint~Maigrin, capitaine de cinquante hommes d'armes, lieutenant général des armées du roi, mort le 2 luin 1634. Un fils unique, Jacques de Stuert de Caussade, comte de La Vaugayon, grand sénéchal de Guyenne, etc., mort le 18 août 1671, laissant postérité. (La Chesnaye-Deshois.) (3) Arthur Youg, Voyage en France, tome I. |
||||||||||||
| Bulletin de la Société Archéologique & Historique de la Charente Quatrième série - Tome V - Année 1867 | |
||||||||||||
|